Accidents sportifs en milieu scolaire : de l’objection à la réparation

15 mai 2009

Une catégorie d’accidents du sport méritent une attention particulière : ceux qui surviennent dans un cadre scolaire. Selon la base d’observation des accidents corporels en milieu scolaire (BAOBAC) publiée chaque année depuis 1995 par l’Observatoire national de la sécurité des établissements scolaires, 16 530 accidents survenus en 2008 au cours des activités sportives (EPS) dans les établissements scolaires ont fait l’objet d’un signalement, ce nombre ne représentant toutefois, de l’aveu même de cet organisme, qu’un « échantillon » non exhaustif, à rapporter aux 850 000 accidents de sport et de loisirs constatés chaque année chez les jeunes de 12 à 19 ans. Si la cour de récréation est le lieu le plus fréquent des accidents scolaires pour les plus petits (école maternelle et élémentaire), on constate  une inversion très nette des proportions au profit du gymnase et des activités sportives en général au collège et au lycée.

Le sport pratiqué à titre de loisir ou professionnel relève de la libre initiative de chacun, même si le manque d’information objective sur ses dangers altère bien souvent le discernement de ses adeptes. Tel n’est pas le cas, en revanche, du sport qui s’inscrit dans les programmes scolaires, car celui-ci fait l’objet d’une obligation dont seule une incapacité physique dûment constatée - résultant d’ailleurs très souvent elle-même d’accidents sportifs - peut justifier l’exemption.

Or, la prise en charge des accidents du sport survenus dans un cadre scolaire et, le cas échéant, l’indemnisation de leurs conséquences, relèvent, pour l’instant, du droit commun et se confondent avec celles des « accidents de la vie courante » : prise en charge par la sécurité sociale des soins médicaux et indemnisation éventuelle par les assurances privées facultatives. Les statistiques officielles jouent d’ailleurs de cette confusion en assimilant les accidents du sport en milieu scolaire avec ceux de la « vie courante » et sans toujours permettre de les distinguer des autres causes de traumatismes. [1] Cette situation n’est pas acceptable.

L’accident peut évidemment impliquer, en fonction des circonstances, la responsabilité  d’un autre élève, voire celle de l’établissement ou des enseignants, si des négligences ont été commises au niveau de la formation, des installations, du matériel ou de la surveillance. Il y aurait beaucoup à dire sur la légèreté et l’incompétence avec lesquelles sont souvent conduits ces « enseignements » sportifs qui prétendent initier en quelques heures pendant quelques semaines des enfants ou des adolescents à des disciplines requérant une technique complexe et rigoureuse et un entraînement méthodique, pratiquement impossibles à mettre en œuvre dans le temps scolaire…

Mais même en l’absence de faute caractérisée des établissements, des éducateurs ou d’un tiers, c’est à l’État, instigateur de l’obligation du sport scolaire inscrit dans les programmes officiels, qu’il devrait incomber d’indemniser les victimes d’accidents. Ceux-ci, en effet, ne doivent rien à la fatalité mais procèdent de l’acceptation imposée aux enfants par la puissance publique d’un risque largement prévisible.

Comme naguère les jeunes gens victimes de maladies ou d’accidents survenus pendant leur service national, les jeunes éclopés du sport scolaire doivent pouvoir prétendre à réparation pour les conséquences tant physiques que psychologiques, matérielles et sociales de ces accidents. Et elles sont nombreuses, car au préjudice corporel proprement dit s’ajoute un retentissement souvent important dans la vie de l’enfant et de sa famille, y compris les implications sur le déroulement de la scolarité elle-même des absences, périodes d’immobilisation ou de réadaptation rendues nécessaires par ces accidents : cours de rattrapage, moyens de transport adaptés, séjours dans des établissements spécialisés, contraintes sur la vie familiale ou professionnelle des parents… Et que dire des situations, hélas non exceptionnelles, où ces accidents remettent en cause la poursuite des études ou le succès aux examens et concours, pouvant compromettre de façon parfois irrémédiable l’avenir socio-professionnel de l’intéressé et le projet de toute une vie ?

Aussi serait-il légitime d’instaurer au bénéfice des enfants une véritable objection de conscience envers l’obligation du sport scolaire, en dehors même de toute pathologie ou incapacité physique. La répulsion, l’appréhension ou le simple désintérêt que peuvent manifester certains jeunes à l’égard du sport en général, ou de telle discipline sportive en particulier, constituent d’ailleurs par eux-mêmes des facteurs de risque indéniables qui doivent être pris en compte. Cette sorte de « droit de retrait » ne serait au demeurant qu’une option parmi d’autres dans un système déjà largement individualisé et pourrait s’exercer au profit  d’une autre discipline, notamment artistique, si souvent difficile à concilier avec une scolarité normale en dehors de filières spécifiques, ou encore d’un enseignement renforcé dans d’autres matières. 

En attendant une prise de conscience plus large de l’inanité et des dangers du sport, le droit d’objection et la réparation par l’État des conséquences d’accidents sont les deux axes urgents et indispensables d’un rétablissement de l’équité face à l’absurde obligation du sport scolaire.

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[1] C’est le cas par exemple pour le rapport Les accidents de la vie courante en France selon l’Enquête santé et protection sociale 2002. On estime que les accidents de sport représentent à eux seuls près de 20% des accidents dits « de la vie courante » avec recours aux services d’urgence, soit 900 000 chaque année.  Voir le rapport Description et incidence des accidents de sport d’après l’Enquête permanente sur les accidents de la vie courante 2004-2005. Les accidents de sport (à la différence, par exemple, des accidents de transport) ne sont toujours pas identifés en tant que tels dans la Classification internationale des maladies.

Lever le tabou !

13 mai 2009

Instrument politique millénaire et universel d’abrutissement des masses, le sport est aussi une industrie et un marché juteux. Il n’est pas nécessaire de chercher plus loin les raisons du tabou qui pèse sur une vérité pourtant criante : le sport est néfaste à la santé, pourvoyeur d’innombrables traumatismes, maladies et accidents qui vont de l’entorse bénigne à la mort subite.  Le lobby sportif infiltre tous les milieux sociaux : politique, médiatique, éducatif mais aussi hélas ! médical, étouffant la diffusion de toute information susceptible de mettre en lumière les effets délétères de ces pratiques sur la santé.

Dans aucun autre domaine que celui du sport, une proportion si importante d’accidents et d’effets indésirables ne serait admise. Alors que la morbidité en matière de risques industriels, environnementaux ou alimentaires, d’accidents du travail, des transports ou de la vie domestique, ou de consommations addictives (drogues, tabac, alcool) fait l’objet de nombreuses actions de prévention et d’information, celle liée au sport tombe sous le coup de l’omerta, ou est – au mieux – considérée comme une fatalité ou un mal nécessaire.

Le corps médical porte une responsabilité particulièrement lourde dans l’entretien de ce tabou, alors qu’il est le mieux placé pour constater au quotidien les ravages du sport sur les organismes. Tandis que l’éthique la plus élémentaire devrait le conduire à les dénoncer et à détourner jeunes et adultes de ces pratiques à risque, au même titre qu’on le fait pour les autres comportements nuisibles ou addictifs, il contribue au contraire à les encourager. C’est qu’un nombre important de professionnels tirent directement profit des effets dévastateurs de la pratique sportive sur la santé : médecins dits « du sport » ou exerçant dans les lieux de villégiature sportive, orthopédistes, radiologues, kinésithérapeutes et rééducateurs… leur doivent une part significative voire, pour certains, prépondérante de leur activité et de leurs revenus.

Le mythe du sport « bon pour la santé », méthodiquement entretenu avec la complicité d’une partie du corps médical, repose sur la confusion aussi grossière que malheureusement efficace entre activité physique et sport, celui-ci étant présenté – à tort – comme le seul remède possible à la sédentarité. Le bénéfice attribué au sport, notamment dans la prévention des maladies cardio-vasculaires, n’est qu’un artifice statistique consistant à imputer à l’absence de pratique sportive le surpoids ou les désordres métaboliques fréquemment associés à la sédentarité. En réalité, le risque cardio-vasculaire d’un sujet non sportif mais de poids normal, ne présentant pas de troubles métaboliques, non hypertendu et non fumeur est inférieur à celui d’un sportif du même âge.

Car le sport consiste par définition à outrepasser les limites physiologiques et, par conséquent, à exposer l’organisme à des accidents brutaux ou à une usure prématurée. Que la cause en soit l’inexpérience, l’insuffisance technique ou de la mise en condition qui affectent volontiers les sportifs amateurs ou occasionnels, qu’il s’agisse de l’esprit de compétition, de la recherche à tout prix de la performance ou, plus trivialement, de l’appât du gain qui conduisent les sportifs professionnels ou de haut niveau (mais aussi, parfois, les autres) au surmenage et à la  surenchère, passant de plus en plus souvent par le dopage ou l’addiction, les résultats négatifs sur la santé sont identiques.

La véritable médecine du sport consiste à en dissuader les adeptes et à en prévenir les dommages, tant physiques que mentaux, par une information loyale et courageuse, dût-elle affronter les préjugés et les intérêts puissants qui s’y opposent et porter atteinte à la recherche du plaisir ou du profit.

Quant aux pouvoirs publics et aux gestionnaires de l’assurance maladie, si prompts à dénoncer les « gaspillages » qui affecteraient le système de santé, ils seraient bien inspirés de s’intéresser au coût social des affections et accidents liés au sport, qu’il s’agisse des soins immédiats, des arrêts de travail ou de la prise en charge de leurs conséquences à long terme, pathologies induites et invalidités.

Sauvetage à grands frais

10 janvier 2009

Conformément à la convention de Hambourg de 1979, les secours en mer sont organisés par les pays signataires dans les zones qu’ils supervisent. « Le coût matériel nécessaire pour porter secours à une personne en mer est à la charge de l’État qui a la gestion de la zone », souligne pour sa part la direction de la course du « Vendée Globe ».

Cette belle tradition de solidarité maritime exonère les organisateurs de ces défis imbéciles de toute responsabilité financière à l’égard des risques qu’ils font courir aux inconscients qui y participent.

Ainsi, selon l’agence de presse australienne (AAP), le sauvetage du skipper Yann Elies, aurait coûté environ 490 000 €. Nul doute que les contribuables australiens apprécieront cette généreuse opération de soutien sportif entreprise à leurs dépens !

La loi du sport

16 octobre 2008

L’hymne national a été une nouvelle fois conspué au stade de France lors d’une rencontre franco-tunisienne de football par des hordes ahuries venues vomir leur haine du pays qui les accueille. On avait pourtant pris la précaution de faire chanter la Marseillaise par une jeune femme d’origine elle aussi tunisienne, afin sans doute de ménager la délicate sensibilité de ces énergumènes.

Les déclarations, tout d’abord fermes, des autorités politiques ont bien vite été tempérées par la litanie des bons esprits et des « spécialistes » de tout poil qui expliquent doctement comment la mise en œuvre des mesures de bon sens initialement annoncées, à savoir la suspension immédiate du match et l’évacuation du stade en cas de nouveaux incidents de ce type, ne pourraient pas, en définitive, être appliquées car elles ne sont pas prévues par les règlements sportifs et que « seul l’arbitre peut arrêter un match ».

Le stade apparaît ainsi sous son vrai visage : celui d’une zone de non droit où la loi du sport sert de prétexte au non respect de la loi tout court. Même si l’on peut s’interroger sur l’opportunité de maintenir l’exécution des hymnes nationaux en ces lieux, la République ne peut y abdiquer. Là comme ailleurs, sa faiblesse lui serait fatale…

Mais plus qu’un coûteux maintien de l’ordre a posteriori, l’arrêt de tout apport d’argent public au sport professionnel serait sans nul doute un moyen plus efficace de prévenir l’affligeant spectacle de cette barbarie subventionnée.

Sport et allergies

2 août 2008

Les affections allergiques, en particulier respiratoires, sont notoirement plus fréquentes chez les sportifs que dans la population générale. Par ailleurs, chez ceux qui en sont atteints, l’activité sportive en aggrave la symptomatologie. L’hyperventilation liée à l’effort physique pourrait notamment expliquer une plus grande susceptibilité des sportifs aux allergènes respiratoires (pollens, poussières…) et aux pollutions urbaines.

Malgré cela, l’idéologie du « sport bénéfique pour la santé », sévèrement ancrée dans l’esprit du public comme de nombreux professionnels, continue de faire préconiser l’activité sportive aux asthmatiques et personnes allergiques. En gros, on sait que ça va aggraver votre état mais puisque le sport est « bon » par nature, on vous engage à continuer…

Plus encore, ces pathologies servent souvent de prétexte à une utilisation détournée des traitements prescrits pour les combattre (anti-inflammatoires stéroïdiens, bronchodilatateurs…) à des fins de dopage, refermant un véritable cercle vicieux dans lequel sport et pathologie s’entretiennent mutuellement.

Seule l’allergie au sport, ne nécessitant pour traitement que l’éviction de l’allergène, ne présente pas ces inconvénients. ;-)

Voir aussi : Thérapies douteuses

Les champions du dopage

18 juillet 2008

La CERA (Continuous Erythropoïetin receptor activator), érythropoïétine (EPO) de troisième génération à effet prolongé, était encore en phase expérimentale que, dès 2004, elle était déjà utilisée par les coureurs du Tour de France, selon les informations de la police italienne révélées par le journal Le Monde.

Alors que les insuffisants rénaux et cancéreux à qui est destiné ce médicament, produit par le laboratoire Roche et commercialisé sous le nom de Mircera, n’en bénéficient que depuis un an, les sportifs n’avaient pas attendu pour en détourner l’usage, considérant sans doute que leurs exploits (et les revenus qui en découlent) l’emportent dans l’urgence sur la survie d’infortunés malades.

La collaboration entre le groupe pharmaceutique suisse et les laboratoires de contrôle aura permis de confondre, primus inter pares, le coureur Riccardo Ricco, aussitôt licencié et mis en examen. D’autres préfèreront probablement à cette humiliation un abandon diplomatique de la compétition…

On reste effaré par la naïveté de ceux qui s’imposent encore l’affligeant spectacle de ces hommes à qui l’appât du gain ou la quête imbécile de performances factices fait endurer des traitements que l’on épargne aujourd’hui aux animaux de boucherie. On peut être plus sévère à l’égard des affairistes pervers qui n’hésitent pas à compromettre la santé de jeunes victimes pour les besoins de leur lucratif commerce.

Thérapies douteuses

8 juin 2008

La multiplication des demandes d’autorisation à des fins d’usage thérapeutique (AUT) chez les sportifs est une porte ouverte à tous les abus et à tous les dangers…

L’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a récemment attiré l’attention de la Haute Autorité de Santé (HAS) et de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) qui doit publier prochainement un rapport sur ce thème.

La prescription de corticoïdes à des sportifs de tous niveaux et disciplines, mais plus particulièrement des adolescents de 13 à 15 ans, gymnastes ou nageurs, évoluant aux niveaux régionaux et nationaux, est spécialement visée. Les spécialistes alertent notamment sur le non respect des temps de cicatrisation, les risques de pharmacodépendance et d’insuffisance surrénalienne de ces pratiques qui sont même suspectées d’être à l’origine de morts subites prétendument « inexpliquées ».

La banalisation des demandes d’AUT, spécialement de corticoïdes et béta-mimétiques, recouvre bien souvent en réalité une utilisation à des fins de dopage, certains sportifs n’hésitant pas à mimer des pathologies pour en « bénéficier » avec la complicité plus ou moins active des « thérapeutes ».

Le sport est-il inhumain ?

31 mai 2008

Après Le sport contre les peuples (paru en 2002), le philosophe Robert Redecker publie aux éditions Panama une nouvelle réflexion sur le sport moderne, allant jusqu’à y voir l’instrument d’une véritable mutation anthropologique.

Si la dramaturgie du sport n’a pas changé – un événement sportif est toujours un suspens sans fiction -, les sportifs, eux, ont changé radicalement. On pouvait auparavant s’identifier, plaisir de la projection, à Platini, McEnroe ou même Eddy Merckx, mais aujourd’hui les champions, produits usinés méthodiquement pour et par le sport-spectacle, appartiennent à une autre espèce biologique que la nôtre.
Le sport est-il le laboratoire de cette entité nouvelle, qui conserve la forme visible de l’homme mais qui n’est plus tout à fait ce que l’on appelait un homme.

Pour en savoir plus…

Attention, danger !

23 mai 2008

Le sport est-il bon pour la santé ? La question semble saugrenue, tant la réponse paraît évidente à beaucoup. Et pourtant… Chaque année, en France, l’effort physique provoque le décès brutal – la « mort subite » – de 1 500 sportifs en pleine forme. Véritable « usine à hypertension », le sport peut donc s’avérer dangereux pour le cœur. La preuve ? Il suffit d’une petite anomalie vasculaire cachée pour que le marathonien occasionnel succombe sous les effets d’une hémorragie cérébrale. Vous êtes sportif ? Prenez garde ! Votre squelette est malmené par la pratique athlétique : fractures de fatigue, écrasement des cartilages, usure des articulations, hernies discales, lombalgies, entorses, etc. L’intestin ? Même régime. Votre tube digestif est très secoué, voire déréglé, pendant la course à pied. Pis, chez les femmes, l’excès de sport peut provoquer des aménorrhées, des décalcifications précoces et perturber la fertilité. Enfin, le sport peut être vécu comme un stress psychologique. Exagération ? Non, les symptômes du surentraînement ressemblant à s’y méprendre à ceux de la dépression nerveuse.

Fractures de fatigue, hernies discales, accidents vasculaires… Vouloir entretenir son corps n’est pas sans risque. C’est en tout cas ce que pense le Dr Stéphane Cascua qui l’explique dans un livre.*

* Le sport est-il bon pour la santé ? par Stéphane Cascua, éd. Odile Jacob, 2002

Enfin !

17 avril 2008

Le ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, a annoncé jeudi 17 avril la dissolution des « clubs de supporters » Boulogne Boys (Paris) et La Faction (Metz) fréquemment mis en cause dans les débordements violents qui accompagnent les rencontres de football.

Une décision de saine police qui n’a que trop tardé et devrait être étendue à toutes les bandes similaires.

Pour en savoir plus…

Voir aussi : Supporter jusqu’à la mort ?